25 Janvier 2013
En feuilletant dans ma mémoire l'album-souvenir de notre vie, Papa, je te revois dans l'atelier toujours à l'ouvrage. Dans l'odeur de résine, entre planches et outils bien rangés, sous une lumière rayonnante de poussière, tes doigts d'or faisaient naître mille merveilles.
Je te revois dans ton royaume : la forêt.
Palombes, truites, tes complices de toujours, t'attendaient pour une partie de trappe-trappe, tandis que les cèpes jouaient à cache-cache.
Papa, mon image préférée, est celle où tu es assis paisible dans le jardin, sous le cerisier.
Des heures durant tu pouvais rester sans bouger, le regard perdu dans la fumée de ta pipe.
Si bien que le papillon et même la pie venaient sans crainte se poser sur toi.
Dans cet hiver, le cerisier est bien seul, et ta pipe ne fume plus.
Comme dans une maison sans feu, j'ai froid !
Pourtant, famille, amis, voisins... tous, sont venus te saluer avant ton départ pour un autre jardin. Un mot était accroché à leurs lèvres :
BONTÉ.
En rentrant à Marseille, le mistral rabotait la mer. Les vagues ourlées en copeaux voltigeaient dans le ciel comme pour te rendre hommage et pour t'accompagner dans ton dernier voyage.
En prenant ton accent, et en roulant le R, je te dis :
AU RREVOIRR PAPA!
Et dans ton patois maternel :
ADESSIAS !